Rassurez-vous, il ne s'agit pas d'un énième épisode des dents de la mer, vous êtes bien dans la bonne rubrique
Il est petit, Il est rouge,
Il est mignon, Mais ne vous y trompez pas, la créature faisant l'objet de cet article est un redoutable envahisseur.
Présenté de manière aussi légère, je vous l'accorde, j'aurais moi même des doutes...
Vous vous souvenez peut être de cette scène particulièrement touchante du film Amélie Poulain, dans laquelle la petite Amélie relâche son poisson rouge (Cachalot), dans une rivière. Ce geste au premier abord innocent peut pourtant avoir de graves conséquences pour notre environnement.
Ce peut-il que votre gentil petit poisson rouge, qui a l’air si inoffensif et qui se presse contre la vitre de l'aquarium dès que vous vous approchez, soit un véritable fléau pour nos plans d'eau ?
Malheureusement, la réponse est "oui".
De nombreux étangs sont peuplés de poissons rouges, peut-être même désirez-vous en mettre dans l'étang près de chez vous… pourtant, vous devriez y réfléchir à deux fois avant de mettre vote projet à exécution, en lisant ce qui suit.
RAPPEL :
Il est interdit d’introduire des poissons rouges dans les étangs et rivières (
Article 521-1 du code pénal).
Le poisson rouge est en vente libre, mais, uniquement dans le but de le maintenir dans un aquarium ou un bassin clos. Il est cependant important de comprendre qu'il ne faut pas l'introduire ailleurs que dans ces deux types d’habitats ; et là je me tourne vers les animaleries qui je pense ont un rôle à jouer en matière de sensibilisation des clients.
Malheureusement, les poissons rouges sont souvent introduits dans des étangs artificiels équipés de systèmes de déversoirs par lesquels les sujets les plus petits sont capables de s’échapper et de coloniser les plans ou cours d'eau se situant en aval.
Une fois dans la nature, le poisson rouge peut conquérir ce nouvel environnement et trouve peu de limite à son expansion. Tout en préférant les eaux froides, ils s’adaptent très bien à des eaux comprises entre 0 et plus de 30° Celsius. Deux ans suffisent en moyenne pour faire doubler leur population et leur faire atteindre une taille comprise entre 20 et 40 cm et pour un poids pouvant atteindre 2 kgs, parfois davantage... (selon la température de l'eau et la nourriture présente). Ils vivent plus de 15 ans et la diversité de leur régime alimentaire pose de sérieux problèmes à la plupart des autres espèces endémiques. En effet, ils sont omnivores et donc capables pratiquement tout dévorer (plantes, alvins et petits poissons, petits crustacés, mollusques, insectes, jusqu’aux œufs et restes des autres poissons).
Ils n’ont littéralement aucun prédateur. Dans la nature, tout ce qui est brillant et coloré crie « Je ne suis pas bon à manger ! ». Certains insectes ou encore les grenouilles d’Amazonie comme les dendrobates en sont tous de bons exemples. L’ossature épaisse du poisson rouge le rend également très difficile à manger. Pour toutes ces raisons, les prédateurs habituels tels que les hérons et les Martin-pêcheur ne sont pas assez friands des poissons rouges pour permettre une régulation de leur population. Idem pour les poissons carnassiers prédateurs (perches, brochets, sandres...) Ils ne dévorent pas assez de poissons rouges pour entraver leur expansion et finissent eux même par disparaitre, submergés par les petits gloutons rouges, qui iront dévorés leurs œufs, ne leur permettant plus de se reproduire.
En effet, dans un système clos tel qu’un étang, les poissons rouges vont se reproduire jusqu’à ce que leur population épuise les ressources de leur écosystème . Ils remuent le fond de l’étang pour y trouver leur nourriture. La boue et la vase entrent alors en suspension dans l’eau et la rendent trouble, ce qui limite la pénétration de la lumière pourtant essentielle au développement de la faune et la flore se trouvant au fond. Il en résulte un déséquilibre important du biotope.
Il est urgent de ne plus attendre, il en va de la survie de la biodiversité de nos étangs, regardons ce qui se passe en Australie et sur le continent Américain, nous devons tout faire pour éviter que les poissons rouges soient introduits dans nos rivières et étangs. C'est d'ailleurs trop tard ! Il faut donc essayer de limiter leur population et empêcher, autant que possible, qu’ils ne sortent du système clos de la pièce d'eau dans laquelle ils ont été mis ; ce qui n’est pas chose aisée. Des solutions existent pourtant (pêches électriques, vidages d'étang, ...), mais là encore les résultats ne sont pas probants étant donné que les poissons rouges sont capables de survivre dans la boue du fond de l’étang pendant plusieurs jours, en attendant que l’eau revienne et qu’ils puissent à nouveau reconquérir le plan d'eau.
Dès chercheurs ont également découvert qu'en Australie, notamment, ils sont capable de survivre en milieu salin, le temps de passer d'un cours d'eau à un autre par les estuaires et ainsi peupler d'autres cours d'eau...
Regardez ce qui se passe aux États Unis et en Australie, pays dans lesquels les conditions leurs sont très favorables. La bas, les poissons rouges de 30 à 40 cm pour des poids allant de 2 à 3 kgs deviennent la norme.
Alors courage, ces monstres rouges
sont hors de contrôle, restez vigilants car ce qu'il se passe outre Atlantique nous guette !!!